COFISOFT : "LE TMS EST UNE AIDE A LA VENTE" | L'enquête de TRM le Guide n°7 Octobre 2020

Parce qu'il est capable de proposer des flux dématérialisés, le transporteur devient organisateur ; il exploite son système informatique pour occuper un rôle beaucoup plus central dans la chaîne logistique, disent Cyril Pestourie, directeur commercial, et Guillaume Beauregard, PDG du groupe Cofisoft. Au cœur des interfaces, le TMS devient un véritable outil commercial auprès des chargeurs. Entretien croisé.



TRM le Guide : Le logiciel de transport progresse vers une gamme de solutions de gestion, d'analyse, mais aussi d'échanges de données avec tous les partenaires commerciaux et informatiques des transporteurs. Comment analysez-vous cette évolution ?


Cyril Pestourie : Depuis une dizaine d'années, les transporteurs ne se contentent plus de vendre une qualité de service. Ils ont besoin d'innover pour se différencier, voire de proposer des processus auxquels leurs clients n'ont pas encore pensé. C'est le cas des systèmes de traçabilité, de signature électronique, des échanges EDI, qui devancent souvent les besoins des chargeurs. Cette capacité d'anticipation est directement liée à l'informatique, au logiciel de transport. Les transporteurs ont donc intérêt à appréhender les processus de leurs clients, à proposer de nouvelles solutions, des stratégies d'optimisation, d'organisation des flux, en s'appuyant sur leur TMS. C'est pourquoi, concrètement, le TMS n’est plus seulement un outil dans l'ombre de la gestion de flotte. Il devient une aide à la vente, un outil de fidélisation ou de séduction pour aller chercher de nouveaux contrats.


Le logiciel de transport sort alors de sa fonction première, qui est de rationaliser le travail de l'exploitation


CP :  En effet, c'est une tendance lourde de l'informatique transport. Le TMS et toutes les briques applicatives qui l'entourent sont de moins en moins considérés comme un mal nécessaire, mais comme une véritable arme commerciale.


Guillaume Beauregard : Dans cette démarche, le transporteur s'intéresse aux enjeux de ses clients. Quelles sont leurs attentes ? Simplement un camion, ou autre chose ? En particulier,  du fait de la croissance rapide du e-commerce, il tend à proposer des prestations beaucoup plus complexes, dont on voit aujourd'hui la généralisation à tous les métiers du transport. Une logistique intégrée est d'abord informatique. Bref, le TMS est vu par nos clients comme un avantage concurrentiel, un atout permettant d'affirmer toutes ses compétences liées à la dématérialisation.



En pratique, comment le transporteur met-il en avant son TMS auprès de ses clients existants ou potentiels ?


GB : Dans les situations les plus courantes, le TMS est présenté comme le socle des interfaces et des retours de données en temps réel avec le système d'information du chargeur. Mais de plus en plus, nous allons jusqu'à accompagner le transporteur dans l’audit et l’analyse des besoins de son son client pour renforcer le discours technique. 


CP : Nous avons développé cette démarche chez Charrier (44), Mauffrey (88) ou encore chez Jolival (49), par exemple, pour faire la démonstration à des clients de l'intégration des flux d'information avec des systèmes spécifiques. 


GB : Précisons qu'il ne s'agit pas de publicité ou de démagogie. Simplement, nous représentons la garantie que l’industriel ou le distributeur va pouvoir conduire son business comme il l’entend, et répondre aux exigences de sa propre clientèle, grâce à une chaîne d'information fluide et dématérialisée jusque dans le véhicule industriel, le dernier kilomètre. Nous devons être capables de démontrer que nous maîtrisons la conduite de ces flux.



A quel moment êtes-vous susceptible de participer à de telles réunions technico-commerciales ?


GB : Bien souvent, nous intervenons en phase d’avant-vente, à la fois pour le transporteur qui n'a pas encore signé son client, et pour Cofisoft qui doit démontrer l'intérêt d'acquérir un module supplémentaire d’EDI ou de traçabilité. La démarche est tripartite. Si le transporteur décroche son client, nous réalisons une commande.

Cela étant, la démarche d'avant-vente reste anecdotique. Elle correspond à une certaine période dans l'évolution du transporteur, qui sera demain autonome sur la présentation de son savoir-faire informatique. La tendance de fond, c'est que TMS est un gage de compétitivité.

En définitive, nous vendons un workflow, un flux opérationnel qui se compose de différentes étapes, correspondant à autant de modules de notre suite logicielle ACS.




 Avec sa gamme de TMS, notamment ACS Trans, et d’applications métier, Cofisoft propose une quinzaine de briques logicielles allant du planning graphique à la gestion de parc, d'entrepôt, la GED, le portail client, l’EDI, l'applicatif mobile, et diverses interfaces. À quels besoins, quelles tendances votre offre répond-elle chez les PME ?


CP :  Notre offre s'est construite avec l'évolution des transporteurs ces 15 dernières années. Par le passé, les entreprises demandaient à leurs éditeurs de répondre à une problématique donnée : améliorer le processus de prépaye et de paye ; le suivi des poids lourds, des prix de revient ; optimiser le planning, etc. Bien souvent, et c'est encore très vrai aujourd'hui, elles étaient équipées de logiciels disparates très efficaces dans leur domaine mais incapables de communiquer entre eux. D'où des saisies multiples des mêmes informations. Le cas d'école est la prise de congé d'un conducteur, qui devait être notifiée par quatre ou cinq collaborateurs dans différents services.

Avec les années, les entreprises gagnant en maturité informatique, elles ont mené des audits de qualité et d'optimisation. Elles ont appréhendé leurs processus plus globalement. Avec une exigence : abolir les ressaisies qui représentent autant de pertes de temps et de risques d'erreurs. Résultat : elles ont transformé leur système d'information pour acquérir des logiciels intégrés et ouverts. Logiquement, les transporteurs s'intéressent et acquièrent aujourd'hui souvent directement plusieurs modules de notre gamme de solutions informatiques. Ils multiplient ainsi leur valeur ajoutée. Par exemple, une PME qui utilise ACS Parc prend vite conscience que les immobilisations des véhicules peuvent être partagées automatiquement avec le planning. Idem pour les coûts de revient, qui s'intègrent directement dans le TMS et permettent d'analyser la rentabilité en relation avec d'autres paramètres.


GB : Parallèlement, Cofisoft a évolué vers de plus en plus d'ouverture à des systèmes tiers. Shippeo, GedMouv, les bourses de fret, tous les acteurs de l'informatique embarquée… Bien souvent, les chargeurs imposent à nos clients de se connecter à telle ou telle plateforme ou système propriétaire.



Un important travail d'interfaçage est également réalisé avec les ERP des chargeurs…


GB : L'EDI est un aspect clé de notre travail et de la simplification des processus des transporteurs. La standardisation des échanges est une réponse rationnelle à toutes les passerelles, de plus en plus nombreuses, et que nous n'allons pas pouvoir multiplier indéfiniment, avec tous les problèmes de maintenance que cela suppose…




En 2019, Cofisoft a d'ailleurs racheté Xyric, un confrère renommé pour son expertise dans le domaine EDI. Une réponse à la problématique que vous soulevez ?


CP : Effectivement, l'acquisition de Xyric doit permettre de mieux satisfaire nos clients dans l'échange d'informations direct avec les chargeurs. En tant que membre administrateur du GTF (groupement des transporteurs français), il est l'un des principaux experts de la standardisation des messages EDI.


GB : Xyric est l'un des grands acteurs de la messagerie palette en France. Il a participé à la création des réseaux liés aux principaux groupements Astre, Flo, Evolutrans, Lotrex, comprenant la fourniture de serveur. Cette expertise réseau est directement liée aux EDI. Xyric a aussi conçu l'application d'échange de palettes PalBank de PFM solutions.

C'est pourquoi l'intégration de Xyric à Cofisoft tombe sous le sens. Xyric propose son propre TMS, Proxylog, ainsi que le logiciel entreposage SpeedWMS, qui enrichit notre expertise sur toute la chaîne logistique informatisée. En 2020, nous finalisons l'intégration des éléments EDI issus de Xyric dans le TMS ACS. 




En 2018, Cofisoft a également acquis l'éditeur CJM international…


GB : Là encore, cette intégration est très cohérente avec la logique « d’aide à la vente ». CJM propose un ERP et d’autres logiciels dédiés aux chargeurs. Nous équipons donc les clients de nos clients, et comprenons mieux leurs problématiques : Comment ils traitent les données, comment ils considèrent la valeur ajoutée du transport dans leur business… Par exemple, nous venons de signer le groupe agroalimentaire Breton Even avec le logiciel CJM Parc.


CP : Parce que nous comprenons mieux le positionnement « transport et logistique » des chargeurs, nous sommes en mesure de proposer des pistes d'optimisation partagée. Dans cette logique, le transporteur tient une approche commerciale différente. Il développe de la marge en apportant plus de valeur à ses clients. La relation client fournisseur est beaucoup plus qualitative, puisque les deux parties s'attachent avant tout à optimiser les moyens de transport.


GB : Précisons aussi les transporteurs ont multiplié leur expertise métier ces dernières années : du lot entre différents sites clients, du groupage de ramasses chez les fournisseurs, et de la messagerie pour les clients finaux. Ils sont donc multi-spécialistes, et dans leur sillage, nous suivons le même chemin. Nous devons maîtriser tous ces métiers dans un écosystème unique.




Dans TRM Le Guide, les transporteurs témoignent régulièrement des difficultés qu’ils rencontrent à obtenir des interfaces, de plus en plus nombreuses avec la multiplication des plateformes. Ils se plaignent des délais de leurs éditeurs de TMS notamment. Comment abordez-vous cette problématique ?


GB : En augmentant sa structure et ses capacités de développement, le groupe Cofisoft est mieux armé pour répondre rapidement à ses clients. Mais sur le fond, la réponse pérenne réside dans une normalisation étendue de l'EDI, via le GTF. Nous croyons à une voie collaborative avec nos confrères et concurrents. L'objectif est de fluidifier les communications entre TMS, de faciliter les relations entre les transporteurs. Pour l'heure, nous développons cette logique entre nos différentes solutions Cofisoft, CJM, et Xyric.





En termes d'actualités produits, avez-vous d’autres nouveautés pour cette fin d'année 2020 ?


GB : Le groupe Cofisoft va sortir une solution de business intelligence dédiée au transport et la logistique. Ce logiciel commun à nos différentes marques s'attachera à limiter le temps passé à construire la base de données – le bémol des solutions standards du marché – pour se concentrer sur l'exploitation de la base.

D’autre part, toujours dans notre objectif d’avoir une solution TMS en capacité d’optimiser les processus de chacun des métiers du transport, nous avons conçu 2 nouveaux  modules TMS vraiment spécifiques aux activités  « conteneur » et « convoi exceptionnel ».

Enfin, dans le cadre de notre stratégie d’ouverture vers les solution tierces,  nous avons renforcé nos interfaces bi-directionnelles avec les solutions des principaux acteurs de l’informatique embarquée (GedMouv, GedTrans, S3P, Dashdoc) afin que nos clients tirent sans délai un maximum de valeur ajoutée des dernières versions de produits. 


Propos recueillis par Wilfried Maisy


https://www.acstrans.fr/logiciel-transport-routier