OBERSON

Mesurer sa Rentabilite avec un TMS

Mesurer sa rentabilité dans le détail, et améliorer son organisation, son attractivité, sa marge… Oberson, une flotte jurassienne qui vient de fêter ses 40 ans, colore son dessin industriel d’une stratégie informatique basée sur les logiciels d'Artagnan et Parc de l'éditeur GPI.




« L’objectif, c'est d’arriver à connaître notre rentabilité en quasi temps réel, par conducteur, par groupe de véhicules ou par activité, et par client. C’est de disposer de statistiques commerciales, de production, d’exploitation, journalières et kilométrique ; et cela de manière automatique, sans avoir besoin de rechercher ces quelques informations essentielles. C’est, enfin, d'exploiter au mieux les nombreuses fonctionnalités de notre logiciel de transport, à 80 où 90 % de ses possibilités, et pas à 20 ou 30 % comme c'était le cas jusqu'à récemment. »


Alain-Stéphane Oberson, P-dg de l'entreprise éponyme, pose ainsi son dessin d’industrialisation du métier… Le camion devenant un outil de production, un stock roulant, dont les performances doivent être mesurées et optimisées. Si les mots paraissent simples, la démarche demande une vraie prise de conscience dans l'ensemble de l'entreprise, et surtout, de la méthode.



« Nous travaillons beaucoup sur l'attractivité de nos métiers »



En arrivant sur le site Oberson de Bohas-Meyriat (01), un nouvel entrepôt niché parmi des collines verdoyantes en pleine campagne, Alain-Stéphane Oberson me présente son chef de parc en short. Un ballon de football entre les mains, il discute avec un conducteur aux couleurs de l’entreprise. En bordure d’un tapis rouge, un tracteur et sa semi brillent de bâches festives. La coupe du monde de football ? Sans doute, car ce soir-là, l'équipe du Maroc affronte celle du Portugal. Mais le 15 juin 2018, un autre événement exceptionnel se tient ici. Oberson fête ses 40 ans avec plusieurs centaines de convives. A l'intérieur du site, on trouve un ring de boxe, mais aussi un chariot embarqué. Dans le cadre de Tred Chariot (solution du groupement Tred Union),  l'entreprise familiale propose un nouveau service de livraison d'encombrants à domicile.



Mesurer la rentabilité d'une activité


« Nous proposons trois groupes de services en grand volume, à la demande (en semi-remorque sur des lignes géographiques déterminées), et en groupage (périmètre régional en ensemble tracteur semi) commence le chef d’entreprise. À chaque activité correspond des matériels variés, dont les coûts d'exploitation techniques et sociaux sont différents. Tous ces éléments doivent être pris en compte pour mesurer la rentabilité d'une activité. Un véhicule de distribution ne représente pas le même investissement qu'un camion remorque, ou qu'une semi portant un chariot de manutention. Aujourd’hui, pour piloter son entreprise comme un industriel, nous devons prendre en compte tous ces éléments. »


Déterminer ses prix de transport, c'est d'abord connaître ses coûts. « Il n'y a pas de prix de marché. Il n'y a que les entreprises qui connaissent leurs coût… ou pas, et de l’autre côté, des chargeurs qui sont quelques-uns à considérer et choisir uniquement les moins-disants dans un appel d’offre. Dans ce contexte, notre logique est simple : déterminer le juste prix de notre exploitation, et gagner suffisamment d'argent pour investir, pour aller de l’avant, pour assurer la pérennité de l'entreprise ! »


« Faire de la marge » va de pair avec une exploitation optimale des outils informatiques. Pour Oberson, il s'agit d'entrer dans « l’analyse fonctionnelle » des solutions utilisées. Puis de mettre en place une stratégie de production, de notifier ses besoins dans le détail, et de réaliser les  adaptations nécessaires en partenariat avec son éditeur. « Lorsqu'on choisit un TMS, il est moins onéreux de réaliser un cahier des charges très précis au départ. A posteriori, le développement de fonctions sur mesure peut coûter cher », estime Alain Stéphane Oberson. Dans cette procédure complexe et énergivore, il est raisonnable de se faire accompagner par un consultant, et de ne pas lésiner sur la formation. « Chez Oberson, nous exploitons depuis quelques mois le logiciel de transport GPI d'Artagnan associé au logiciel Parc du même éditeur. Nous avons pris le temps de choisir ces briques centrales de notre système d’information, et dès le départ, de les considérer en lien avec l'informatique embarquée (Trimble), la gestion sociale (Solid) et La payetransport.


Dépasser les 1,5 % de marge


Le pilotage ne se limite pas à la direction de l’entreprise. Chaque exploitant doit être capable de mesurer la pertinence financière d'un contrat de transport, qu'il s'agisse d'une course régulière ou ponctuelle. « L'idée est de dépasser nos 1,5 % de marge actuelle pour atteindre une vraie rentabilité, avance le chef d'entreprise. Dans cette démarche, nous avons besoin d'une connaissance précise de nos coûts et du calendrier de renouvellement du matériel. C'est ce que nous fournit le logiciel Parc, où nous disposons de toutes les données relatives à la vie de notre flotte. Cette analyse représente aussi une aide à l'achat des poids lourds. Au cœur de la machine, d'Artagnan présente les commandes de transport, le planning sous format graphique, les heures du personnel roulant, les aspects tarifaires, les analyses de rentabilité, etc. »

Et d'afficher un objectif ambitieux : atteindre les 8 % de marge, un niveau peu commun dans le TRM, comparé à d’autres secteurs industriels. « Pour cela, nous devons être capables d'étudier nos résultats chaque semaine, afin d’orienter nos investissements sur telle ou telle activité. "



« Le pilotage ne se limite pas à la direction de l’entreprise »




Quitte à forcer un peu le trait, afin de souligner l'évolution de son métier, l'entrepreneur rejette l'achat impulsif, l’aspect passionnel de l’objet poids lourd :  « Le fait d'acheter deux camions un matin, sous prétexte qu'il fait beau et que l'on est de bonne humeur, c’est bien fini dans le monde du transport !», lance-t-il.  « Car nous avons aujourd'hui les moyens de prévoir un investissement dans six mois, un an, deux ans, sur la base de cycles d'investissements bien pensés en fonction d'une activité économique. L'anticipation nous permet un réel partenariat avec nos concessionnaires, les constructeurs et les carrossiers, et de mieux négocier, avec des indicateurs pertinents, chiffrés. Nous sommes maintenant en mesure de déterminer le coût d'utilisation de nos moyens sur plusieurs années d’exploitation. Nous avons une traçabilité des interventions. »


Autre point d'optimisation : les itinéraires, qui nécessitent notamment un arbitrage sur l'exploitation des réseaux autoroutiers et secondaires. La question est d'actualité, depuis le passage début juillet 2018 d'une vitesse réduite à 80 km/h sur les routes à double sens sans séparateur central. «   Le TMS d'Artagnan intègre les coûts de péage prévisionnels et réels, de même que les heures de conduite et les vitesses commerciales. Cela facilite l’analyse, dans l'hypothèse d'exploiter davantage les autoroutes sur certains dossiers. Nous sommes aussi susceptibles d'arrêter certaines lignes, ou de rechercher des contre flux, quand elles ne sont pas rentables. »


Développer la location


In fine, tous ces résultats chiffrés permettent de concevoir une stratégie d’entreprise. « En particulier, nous déployons une activité de location de véhicules avec conducteur qui prend de plus en plus d’ampleur, et représente aujourd'hui 20 % de notre chiffre d'affaires. Ce business demande une gestion très fine des coûts, car la rentabilité des matériels doit être conservée, quelle que soit  leur utilisation. Un contrôle de gestion doit être réalisé sur les termes fixes et variables de ces contrats. » Et d'affirmer une stratégie à moyen terme : développer l'activité de location de véhicule avec chauffeur, tout en  conservant ses pions sur le transport à la demande au niveau européen.


« Nous visons un équilibre de 40 % et 60 %, respectivement pour la location et le spot, d'ici à quelques années, reprend Alain Stéphane Oberson. Nous nous préparons également à traiter de plus en plus de distribution de palettes (1 à 10 dans le cadre du réseau Pole de distribution de palettes Francais et Européen, cousin du groupement Tred Union). Nous constatons ici une évolution vers de plus en plus de livraisons unitaires. Une tendance logique puisque les chargeurs et les distributeurs travaillent en flux de plus en plus tendus. »


Précisons ici que la solution de traçabilité des palettes Equinox est commune au réseau Pole et développé en interne. Cela permet à la cinquantaine d'entreprises qui utilisent Equinox de suivre les relais de palettes en temps réel. Le réseau s'appuie sur quatre plateformes de groupage/dégroupage à Marmande (47), Orléans (45), Ludres (54) et Genas (69).

Une passerelle entre le TMS GPI d'Artagnan et Equinox est en cours de développement, précise l’entrepreneur. Nous avons demandé à GPI d'adapter l'interface selon nos propres paramètres. Cela va nous permettre de passer encore un cap en termes d'optimisation des saisies de données, puisque tous les échanges de palettes s'inscriront directement dans notre logiciel de transport. »


L'interface entre GPI et l'informatique embarquée — Oberson exploite 70 ordinateurs de bord Trimble Truck4U — va permettre de renseigner au fil de l'eau les quantités chargées et livrées, mais aussi les temps d'attente enregistrés chez les clients et leurs destinataires, ainsi qu'un ensemble d'informations sur l'environnement et la sécurité des sites clients. Dans cette optique, le transporteur va s'équiper de tablettes Trimble en lien avec l'ordinateur en cabine d'ici à la fin de l'année. L'enjeu est notamment d'affiner le calcul des coûts horaires des conducteurs. Et commercialement, de discuter avec ses clients sur la base de données chiffrée, factuelles. Une évolution indispensable dans ce métier de messagerie.


« Fin 2019 au plus tard, nous serons prêts », affirme le patron, qui ajoute : « Nous travaillons beaucoup sur l'attractivité de l'entreprise, de nos métiers, en vue d'améliorer le recrutement.  Ayant récemment embauché des conducteurs d'une vingtaine d’années, nous avons constaté l'importance de ces outils mobiles, qui doivent être ludiques et faciles d’utilisation. La solution Trimble propose, à chaque étape de mission, un ensemble de messages préenregistrés. Le chauffeur n'a plus qu'à taper oui ou non. La géolocalisation permet d'horodater les opérations successives, ainsi que les données sociale et les frais de déplacement. Cela complète le recueil de données à analyser. »


Wilfried Maisy





Oberson faits et chiffres

40 ans d'existence (1978 –2018 )

Quatre sites au nord de la région parisienne, en Rhône-Alpes, en Franche-Comté et à Moirans-en-montagne (39), l'établissement historique de l’entreprise.

100 collaborateurs

16 millions d’euros de CA en 2017

150 cartes grises

75 véhicules moteurs.